Je tenais à aborder cette partie assez difficile de la « reproduction » chez le rat, pour laquelle on trouve au final peu d’informations viables, et qui pourtant peut s’avérer très utile en cas de problème, voire même vitale.
Alors certes, c’est quelque chose d’assez glauque, de pas facile à envisager, et parfois compliqué à mettre en oeuvre. Mais avec toutes les informations, c’est bien plus simple à appréhender.
On voit trop souvent de fausses excuses du style « mon véto a refusé » ou « je suis contre l’avortement », car quand on a à faire à un « kinder », je peux d’expérience dire que la portée est très souvent voulue, au fond.
Voici donc une « marche à suivre » en cas de portée réellement non désirée.
Et il est important de savoir qu’un avortement par injection OU une ovariohystérectomie (OVH), peuvent se faire en « préventif » sans que l’on sache si la rate est réellement pleine. Il n’y a aucun danger pour elle (hors risques « normaux » d’une opération pour l’OVH, et avant 15 jours de gestation), même si elle n’attend pas de petits.
1) Pourquoi faire avorter une rate ?
Il existe plusieurs cas de figure qui peuvent mener à une telle prise de décision.
Tout d’abord, il y a l’achat d’une femelle en animalerie. Hormis la dimension « éthique » de ce type d’achat, il faut savoir que vous avez énormément de chances d’obtenir une femelle pleine (et en général de son père ou de son frère). Il y a d’ailleurs beaucoup plus de « risques » d’avoir des petits que de ne pas en avoir 😉
Même si l’animalerie sépare les sexes, chez le fournisseur/durant le trajet ce n’est pas le cas, donc il faut s’assurer que la rate est séparée des mâles depuis au moins 24 jours pour être certain de ne pas avoir le fameux « kinder surprise » (mais si vous savez, le paquet cadeau à l’intérieur, qui n’est pas franchement un cadeau).
Ensuite il y a le cas des sauvetages : une femelle trouvée dans la rue, maltraitée par son précédent propriétaire, abandonnée, récupérée chez quelqu’un qui s’en occupait peu ou n’en voulait plus,… Souvent on a peu de chances de savoir ce qu’elle a vécu, et si elle a été en contact avec un mâle (sauvage ou domestique). Dans le doute, il convient en général d’oeuvrer pour qu’elle ne subisse pas une portée EN PLUS du reste.
Enfin, il y a le cas rageant pour toute personne sérieuse qui se respecte : un jour, une femelle apprend à ouvrir la porte de sa cage alors qu’elle ne l’avait jamais fait, et vous la retrouvez confortablement installée dans la cage de vos mâles. Ou alors elle arrive à passer les barreaux. Ou encore votre maman/frère/soeur/copain/… Sort par erreur une femelle avec les mâles, etc etc etc… Parfois même on ne sait même pas comment c’est arrivé (et là, je lance un regard lourd de reproches à Groot).
Bref, dans n’importe laquelle de ces situations, l’avortement reste en général la meilleure solution. Parce que gérer une portée, c’est beaucoup d’argent (surtout dans le cas d’une femelle âgée/trop jeune/malade/faible/… qui pourrait avoir des soucis à la mise bas et donc devoir être opérée en urgence) et que parfois ce n’est pas faisable ou gênant. Parce que gérer une portée, ça reste quelque chose qui devrait être laissé aux personnes qui ont de l’expérience là dedans.
Et surtout parce que dans au moins 2 cas sur les 3 cités, on ne sait pas ce qu’on « offre » aux ratons issus de telles unions. On ne sait absolument pas ce que leurs parents et leurs familles leur ont transmis comme éventuels soucis (exemple, si on sait que les grands parents sont morts de tumeurs à 5 mois, on sait qu’on ne doit pas faire reproduire les parents… Si on ne le sait pas et qu’ils se reproduisent, on peut avoir transmis ça aux petits, et c’est vraiment triste). Il y a des types de rats (marquages notamment) qui sont réputés « à risques » au niveau d’une maladie.
Enfin bref, si on met d’un coté les risques et de l’autre les « bénéfices », il y a énormément de risques par rapport aux bénéfices, et la plupart des risques ce seront les rats qui les subiront 😉
Il faut enfin prendre en compte le nombre EFFARANT de personnes qui laissent ce genre de gestations (plus ou moins voulues) aller à terme. On voit de plus en plus souvent des personnes revenir aux 3, 4, 5 mois des ratons et hurler qu’elles sont désespérées, les ratons ne partent pas et elles ne peuvent pas garder 5 ou 10 rats de plus. Il y a trop de portées de ce genre, et pas assez d’adoptants (qui préfèrent se diriger souvent vers des sauvetages ou des portées avec plus d’infos sur la santé de la famille), il faut le savoir.
2) Les différentes méthodes
a) l’injection abortive
C’est la méthode la plus « safe » et la moins contraignante. Elle doit se faire avant 15 jours de gestation pour être totalement sans risques (si la rate vous paraît les avoir dépassés, votre véto peut vous aider à le déterminer). Et si c’est bien respecté, il y a ZERO risque pour la rate, même en « préventif » (si elle n’est pas vraiment pleine).
Je met un petit bémol sur les effets sur une « prochaine » portée, si c’est une rate que vous deviez reproduire par la suite il n’y a pas vraiment d’infos fiables sur les conséquences.
Il s’agit de deux piqûres, faites à 24h d’intervalle par votre vétérinaire. La molécule à utiliser est l’aglépristone. Attention il ne s’agit pas du nom du « produit » mais bien celui de la molécule qu’il contient 😉
La dose à utiliser est de 0.33ml par kilo (donc 0,08mL pour une rate de 250 grammes par exemple, le poids « minimal » d’une rate pour une reproduction) et par injection.
Si vous avez bien suivi, par exemple si vous faites l’injection à votre rate de 250 grammes un vendredi, elle aura sa première injection de 0.08mL le vendredi, et la deuxième, encore de 0.08mL, le samedi 😉
Le seul point « contraignant » de cette méthode est que l’injection est un peu douleureuse pour la rate, car le produit est assez épais (mais toujours sans danger). Ceci dit, comparez la piqûre à une mise bas, c’est assez comique au niveau de la douleur c’est clairement différent :p (et si vous avez de l’humour, vous pourrez en profiter pour dire à votre rate que c’est sa punition pour avoir été une demoiselle de petite vertu :D)
Au niveau des coûts, c’est variable selon votre vétérinaire, en général c’est entre 15 et 50€ consultation comprise pour les deux injections, ça reste très abordable (et BIEN moins cher que la gestion d’une portée ^^’).
b) l’ovario-hysterectomie (OVH) ou césarienne
Cette méthode est beaucoup plus invasive, il s’agit là d’une réelle intervention chirurgicale. C’est une alternative qu’on peut choisir dans le cas ou par exemple on souhaite être certain que la demoiselle ne reproduira jamais par la suite.
On peut enlever « simplement » les ratons sans toucher à l’appareil reproducteur (césarienne simple) mais dans la plupart des cas il est bien plus safe et intéressant d’en profiter pour tout retirer (et ainsi pouvoir intégrer la rate à un groupe mixte par exemple, ou à un groupe de mâles, calmer parfois une femelle un peu trop agressive, éviter les tumeurs de l’appareil reproducteur,…). Il s’agit dans ce cas d’une opération sous anesthésie générale (heureusement !) qui comporte donc les risques inhérents à toute opération.
Il faudra donc gérer ensuite le suivi post-opératoire de la rate (points, cicatrisation, soins,…) mais c’est radical pour ne plus avoir de soucis par la suite (et pour un sauvetage c’est aussi l’assurance que personne ne pourra l’adopter à des fins reproductrices 😉 )
Le coût de cette opération est variable selon les vétérinaires également, en général on voit des témoignages qui vont de 60 à 200€ (et encore une fois, ça reste plus abordable que la gestion d’une portée de A à Z !)
c) l’euthanasie des petits à la naissance (à ne pas lire pour les âmes sensibles)
Cette solution est la plus « taboue » d’entre toutes. Elle est également celle à utiliser en dernier recours, si vraiment on a rien pu faire d’autre (par exemple si la gestation était trop avancée).
Il s’agit d’une solution à mettre en oeuvre dans les premières heures de la vie des petits, et en général on euthanasie la totalité de la portée, il est très délicat d’avoir à « choisir » qui vivra ou pas. Si réellement on souhaite garder un ou deux ratons (pour tenir compagnie au père/à la mère par exemple), la solution la plus éthique reste de choisir soit le premier raton du « bon » sexe qu’on trouve, soit de demander au vétérinaire de faire ce choix.
Il est complètement MALVENU de choisir le(s) raton(s) qui vivra/vivront selon un détail physique. On appelle cela du « culling » et c’est très mal vu (à juste titre). Aucun être vivant ne devrait avoir à être sacrifié pour une couleur ou un détail physique.
Il y a trois solutions qui peuvent être choisies pour cela, l’une paraissant bien moins « barbare » que les autres, selon la sensibilité de chacun.
Premièrement, on peut emmener les ratons chez un vétérinaire lors d’un rendez-vous, après avoir bien expliqué la situation. Il les euthanasiera « en douceur », sans souffrance pour eux, et pourra également vous conseiller pour la maman.
Deuxièmement, et attention ceci est valable seulement durant les premières 24h des ratons, vous avez la solution de les placer dans un récipient et de les mettre au congélateur. Ca peut paraître ignoble mais il faut savoir que les ratons aussi jeunes n’ont aucune sensation de chaud ou de froid (ils sont dépendants de leur mère pour se réguler), et donc cela n’occasionne AUCUNE souffrance pour eux (passé 3 jours de vie par contre si, et là ça devient barbare par contre). Ils vont partir doucement sans s’en rendre compte.
Troisièmement, j’ai pu voir que certains choisissent la solution de ne pas euthanasier « inutilement » une portée. Peut être parce que c’est une petite « consolation » de se dire qu’au moins les petits ne sont pas morts « pour rien ». Il s’agit de laisser les ratons à un terrariophile sérieux de son entourage.
J’émettrais un bémol car il faut vraiment connaître la personne et être sûr de son sérieux, pour savoir qu’il sera respectueux des vies que vous lui sacrifiez. Pour moi, ce n’est pas à faire avec le premier venu.
De la même façon, il est bien plus facile et sérieux de le faire durant la première semaine des ratons, ensuite ça devient très dur de les laisser, et pour la rate ça reste assez invasif de lui enlever des ratons pour lesquels elle puise dans ses réserves depuis des jours.
L’avortement chez la rate est un sujet sensible, et il est compliqué d’en discuter, et en faire un article est également délicat parce que ce n’est pas un sujet « sympa » du tout à aborder. Mais il est nécessaire d’avoir ce type d’information, pour savoir exactement quoi faire en cas d’urgence, toujours en essayant de faire au MIEUX pour la rate, avant nos propres envies ou considérations. C’est elle qui compte, elle et les potentiels ratons à venir qui n’ont pas demandé à vivre si c’est pour être malades ou se retrouver ballotés faute de famille…
Il est parfois compliqué de trouver un vétérinaire quand on habite un coin perdu, mais au milieu des Landes j’ai réussi à trouver plusieurs fois des vétérinaires compétents (j’ai fait pas mal de sauvetages fut un temps donc c’est une problèmatique qui s’est parfois posée). Mon vétérinaire personnel n’avait jamais pratiqué ce type d’injection pour une rate, il a suffi que je lui donne le nom de la molécule, le dosage, il s’est renseigné auprès du laboratoire qui lui a communiqué les mêmes informations, et du coup on a pu le faire pour les 10 jours de gestation présumés de ma rate. Il y a toujours moyen de faire quelque chose si réellement on le souhaite 😉
J’espère sincèrement que cet article vous aidera si jamais un jour vous en avez besoin.